« Éveil » fait référence au sujet mythologique d'Hélène de Troie. Toutefois aucun élément iconographique ne permet d’en identifier la figure. Seul peut-être le traitement lisse et élégant de sa chevelure –caractéristique d’Hélène souvent mis en avant par les artistes – est une référence à la beauté légendaire de la jeune femme. Comme souvent, la sculptrice induit subtilement le sujet par le titre, jouant sur l'ambiguïté de l'interprétation. S'agit-il de sa réaction à la décision de son père de l'unir au roi Ménélas ? Ou plutôt de son premier réveil après son enlèvement ? S'agit-il encore du moment où elle réalise qu'elle sera bientôt délivrée ? Ou plutôt, peut-être, de celui où elle prend conscience que sa situation déclenche la guerre de Troie. Les bras ballants contrebalancent l'impulsion de la jambe qui s'apprête à la relever : l'attitude est mitigée. Toute la puissance de l'œuvre tient à ces discrets jeux de contradictions.
L'œuvre de grand format est la dernière pièce majeure de l'artiste, dont les travaux plus tardifs perdent en dextérité dans la précision des détails, et paraissent moins expressifs dans cette sensibilité caractéristique de sa production.